Auteure : Colette Bobenrieth
Au sein de l’Asie, le Japon apparaît souvent comme un pays singulier sous de nombreux aspects. Sa culture et ses traditions sont marquées par la religion spécifique de l'archipel, le Shintoïsme, qui vénèrent une multitude de kami (神, dieux) associés à des lieux ou des objets. Mais pour qui s'y intéresse plus avant, les pratiques japonaises cachent sous cette apparence ‘unique’ des liens historiques profonds avec le reste de l’Asie, et tout particulièrement avec la culture chinoise.
Au Japon, le nouvel an est celui de l’Occident, célébré lors du passage du 31 décembre au 1er janvier, et ce depuis l’ouverture du pays au commerce international et son industrialisation sous l'ère Meiji (1868-1912). Le calendrier solaire a été adopté comme calendrier officiel en 1872, et de nos jours le nouvel an lunaire n’est l’objet d’aucun jour férié au Japon, contre une semaine entière en Chine (voire nos articles par Zhenhao Li et Alex Zhang sur l’année du lapin et le nouvel an lunaire). Il est nécessaire de se rendre dans des ‘China Town’ où est massivement implantée la diaspora chinoise, comme le port de Yokohama, pour voir célébré le nouvel an lunaire.
Mais en réalité, la Chine et le Japon ont entretenu des relations diplomatiques depuis plus d’un millénaire, ce qui a résulté en l’adoption au Japon du bouddhisme, des caractères chinois (漢字, kanji) formant l’un des trois alphabets japonais utilisés à ce jour... De fait, il est possible de rattacher des pratiques japonaises au calendrier et aux célébrations traditionnelles chinoises.
La fête d’Obon (お盆) où l’on rend hommage aux esprits des ancêtres, équivalente à notre 2 novembre, est l’extension d’une célébration chinoise appelée la “fête des fantômes” (鬼節, guijie). De même, la fête japonaise des étoiles, aussi appelée Tanabata (七夕, les ‘sept nuits’) vient d’une légende chinoise contant les retrouvailles des amants célestes symbolisés par les étoiles Véga et Altaïr.
L'alphabet et les fêtes traditionnelles japonaises trouvent un écho profond avec les traditions chinoises.
Lanternes flottantes typiques d’Obon par Atul Vinayak.
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